"L' Impossible prière" de Jacques Ellul
Le
vendredi 4 mai 2012 a eu lieu, au Hâ 32, le deuxième Apéro-théo. Après « La
Subversion du christianisme » (1) de Jacques
Ellul, c’est son ouvrage « L’Impossible prière » (2) qui
était à l’étude critique d’une assemblée fort curieuse et passionnée par des
échanges, animés par le pasteur Nicolas Cochand.
Dans
cette œuvre critique, Jacques Ellul confronte la prière chrétienne aux défis
posés par notre époque, l’examine du point de vue de l’homme contemporain:
« …L’homme de notre temps ne sait pas prier, mais beaucoup plus il n’en a
ni l’envie ni le besoin, il ne trouve pas en lui la source profonde de la
prière… » (3).
La
prière est indéfinissable, dans sa forme comme dans ses objectifs. Elle soulève
diverses problématiques sans doute dues en partie, aux malentendus qui lui sont
liés. Car les fondements de la prière, si toutefois nous les cernons, restent
fragiles. Et c’est sans doute cela qui explique qu’il est bien difficile de
prier.
Qu’est
ce qui fait que l’homme prie ? Selon J.Ellul l’homme a toujours
prié ; c’est inscrit dans sa nature. Il a un impératif de prière même si
ce n’est pas démontrable. « …Si la prière est fondée dans la nature de
l’homme, celui-ci a fabriqué le partenaire de sa prière à partir de sa propre
nature. Autant dire qu’elle est une parole sans objet et sans contenu… » (4). En d’autres termes, le partenaire
est un partenaire fabriqué par l’homme. C’est de l’ordre de la projection en
dehors de nous-même mais de quelque chose qui est nous. Et c’est ce qui
explique le déclin de la prière dans notre société moderne. Alors certes,
l’homme moderne prie mais ce sont de fausses prières. Par elles, il sacralise
des choses qu’il refuse de reconnaître à Dieu. Ce partenaire est un substitut
de Dieu.
Alors
que justement, pour J.Ellul, la prière est possible car Dieu est proche de
l’homme, il va à sa rencontre. Elle est objet de relation entre soi et Dieu.
C’est pourquoi un préalable de foi s’impose : la prière ne doit pas être
« un moyen d’infléchir Dieu mais de lui livrer notre parole » car le
commandement du Christ se suffit à lui seul (5), et est une raison valable de prière. Mais aujourd’hui, la
parole est dévalorisée. Pour l’homme moderne, la prière répond à un critère de
résultat, d’efficacité. Elle est donc vouée à l’échec.
La
situation de la prière est difficile car la foi ne va pas de soi. Alors que
pour Jacques Ellul, cette obéissance à la foi est source de liberté.
SL
(1)
ELLUL, Jacques. « La
subversion du christianisme ». Paris, La Table ronde, 10 novembre
2001. (La petite vermillon, 145).
ISBN : 978-2-7103-2444-7
(2) ELLUL, Jacques. « L’Impossible
prière ». Paris, Le Centurion, 4 avril 1977.
ISBN 978-2-2273-3507-3
(3)
« L’Impossible
prière », p.641
(4) « L’Impossible
prière », p.666
(5)
Matt. 26 : 41 ; Marc 13 : 33 ; 14 : 38 ; Luc
21 : 36
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire