dimanche 1 mai 2011

La symbolique de l'eau dans l'Ancien Testament.*


Le symbolisme des eaux est le type même de symbolisme pluriel et contradictoire. Parmi les quatre éléments, l’eau est le seul à se mettre au pluriel car il ne peut se manifester dans des formes au contraire du feu, de la terre et de l’air. L’eau tire sa puissance de l’informel : elle vient avant ou après la forme.


Aux origines, la parole créatrice de Dieu organise le monde. 
Dès le deuxième jour, la « mise en ordre » des eaux est en branle (Genèse 1/6 à 1/10). Et Dieu dispose des « eaux d’en haut » et des « eaux d’en bas » comme il l’entend. L’eau symbolise la puissance de Dieu qui donne la vie et la reprend à son gré.
Dans la liturgie comme dans la Bible, le rôle symbolique de l’eau se fonde sur un double symbolisme contradictoire :
- L'eau est symbole de vie : eaux agent de fécondité, eaux de sources, ondées de printemps.
- Elle est symbole de mort : eaux de l’océan déchaîné, fleuves en crue, au pouvoir destructeur.
Dès la Genèse, l’Esprit de Dieu est « au-dessus des eaux ».
Par le déluge, « Dieu effaça tous les êtres qui étaient sur la terre » (Genèse 7,23) ; par la volonté de Dieu, déçu par la conduite des hommes, le déluge anéantit (Genèse 6/13,17) et devient un symbole de destruction violente.
L’eau est une nouvelle fois source de mort au passage des troupes de Pharaon dans la mer Rouge. Là encore, Dieu est maître : « car les Egyptiens que vous voyez aujourd’hui, vous ne les verrez jamais plus » (Exode 14/13) et « les eaux revinrent et recouvrirent les chars, les attelages et toute l’armée du Pharaon… » (Exode 14/28, 15/4-5). Les Egyptiens sont ensevelis.
Ces deux épisodes de l’Ancien Testament témoignent de la colère de Dieu. C’est le jugement divin sur le péché de l’homme.
Dans le Nouveau Testament, aucun événement de telle ampleur. Néanmoins, en Matthieu 7/21-27 comme en Luc 6/47-49, des eaux destructrices font écrouler la maison qui n’est bâtie que sur le sable. En Marc 4/35-41, Matthieu 8/23-27 et Luc 8/22-25, Jésus apaise la tempête. Dans II Corinthiens 11/25-26, Paul a « trois fois fait naufrage » et est « exposé aux dangers des fleuves » ; les dangers des eaux sont aussi parfois bien réels.
Les eaux dans la Bible, symbole et réalité tout à la fois, nous révèlent un message. Elles peuvent être destructrices. Elles sont toujours salvatrices, purificatrices, régénératrices.

Sylvie Lacoste

*Article paru en Avril 2011 dans le journal de l'ERF de Bordeaux

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