Voilà un mois déjà, s’est déroulée la
dernière conférence du Centre Hâ 32, sur le cycle du bonheur.
Le
pari était audacieux car définir le bonheur est bien périlleux en ces temps d’égoïsme
et d’insatisfaction perpétuelle, souvent teintés d’incompréhensions parce que
la parole ne lie plus les uns et les autres, les uns aux autres. Parce que
l’engagement se fait de plus en plus rare. Manque de profondeur et de cohérence
marquant souvent le passage de la parole à l’acte.
Définition
assez subjective que celle du bonheur, alors ? Oui, sans doute. Pourtant,
nous avons vu qu’il existe bien. Il suffit d’y croire et de s’en donner les
moyens.
C’est
ce que nous avons évoqué une dernière fois, le 24 mai 2012 avec Ginette
Baty-Tornikian, maître-assistante à l’ENSA (Ecole Nationale Supérieure
d’Architecture) et chercheur à l’IPRAUS (Institut Parisien de Recherche :
Architecture, Urbanistique, Société) : le mariage de la construction et
de la nature, de la nature et de la culture pour le plus grand bonheur des gens.
La cité-jardin mêle logements sociaux individuels et collectifs, équipements
collectifs entourés de jardins et classes sociales.
Ebenezer
Howard
a eu l’idée du nom de « cités - jardins ». Dès le départ, bien
plus qu’un nom, c’est un projet qui s’inscrit dans le cadre d’une
expérimentation pour tenter des choses qui n’existent pas avant. L’Exposition
Universelle de 1900 va véhiculer cette idée, au Pavillon de la Solidarité où
patrons, syndicats-ouvriers, coopératives et associations se rencontrent. Des
relations fortes se tissent alors entre intellectuels, patrons et hommes
politiques.
Le
début de l’aventure s’amorce avec l’Ecossais Patrick Geddes. Il est convaincu que les processus sociaux et les formes qu’ils prennent
dans l’espace, sont liés. En changeant les formes spatiales, il devient
possible de changer la structure sociale. Pensée novatrice en matière
d’urbanisme, il est l’initiateur d’un mouvement : l’urbanisme social.
A
Bordeaux, Charles Gide, professeur d’économie sociale et protestant,
sera un grand producteur d’informations sur les cités - jardins, après une
rencontre enthousiaste avec Geddes.
En
ce XIXème siècle finissant et l’industrialisation qui a bouleversé
les conditions de vie, pour les intellectuels, la recherche d’une paix sociale
est prégnante alors que les politiques sont loin de cette idée.
Les
gens doivent être autonomes en dehors de leur journée de travail. C’est
l’avènement des deux temps séparés : le lieu de travail doit être
différent du territoire habité. C’est l’abandon de la gestion du temps du
travailleur par l’entreprise, la fin de la cité patronale.
Pour
Howard, c’est la condition de la paix sociale. Cette idée fascine et au
Royaume-Uni, elle va être soutenue par le patronat.
Par
la cité-jardin, on veut une réforme sociale pacifique, porteuse d’égalité et de
responsabilité de chacun, dans sa gestion de la vie collective. Avec l’idée
d’une ville où n’existent plus les inégalités. Il s’agit d’aménager l’espace
urbain de sorte que les villes soient séparée les unes des autres, qu’elles
aient ainsi chacune leur propre identité et loin des industries
polluantes; c’est déjà, de la démocratie participative.
Howard
montre que les gens sont tous liés les uns aux autres. Il faut donc construire
des routes pour qu’ils se connaissent mieux et qu’ils soient solidaires.
Schéma simplifié de la conception de
l’organisation de
cités-jardins autonomes selon Ebenezer
Howard,
reliées par des moyens de
communication,
Autour les espaces collectifs (©Sylvie Lacoste 2012)
Dans
les cités - jardins, les différentes fonctions sont séparées.
En
France, le mouvement de construction des cités - jardins se développe durant
l’Entre-deux-guerres, avec l’Office public HBM (Habitation à bon marché). Pour
décongestionner Paris, une quinzaine cités - jardins sont élevées. Une dizaine
subsiste, aujourd’hui : Suresnes, Gennevilliers, Châtenay-Malabry pour ne
citer qu’elles.
Près
de Bordeaux, à Pessac, ce sera la cité Frugès de Le Corbusier.
Et
en 2012 ? Les cités - jardins restent une référence en matière
d’urbanisme, inscrite désormais dans le cadre du développement durable dont on
dit qu’il doit assurer le bonheur des générations futures.
Je
vous souhaite à toutes et à tous un bel été, rempli de bonheurs !
SL
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