samedi 19 octobre 2013

« Du temps, quelques métaphores »


            
Le jeudi 10 octobre, nous avons reçu Patrick Rodel*, pour une approche philosophique du « temps ».



 La réflexion sur le temps est consubstantielle à la philosophie et pourtant, il n’existe pas de concept philosophique du temps. Car le temps ne se capture pas, le temps ne se maîtrise pas. Il a donc était nécessaire pour l’homme, très tôt, de « dire le temps » de le mesurer avec un outil (clepsydre, sablier etc…)par peur de le laisser passer. Et à partir du XIIIè siècle, naît l’idée de signaler le temps par un mécanisme qui fait du bruit !
Avant le temps, qu’y avait-il ? Après le temps, qu’y aura-t-il ? Y-a-t-il un sens du temps ? Qu’est-ce qui se joue le temps du passage du temps ? Ce qui est sûr, c’est que nous avons une expérience commune du temps mais la temporalité dépend du contexte de civilisation. Alors nous avons eu besoin de mettre le temps « en image » pour lui donner de la consistance !

De l’Antiquité aux XVIè/XVIIè siècles, le monde est un système clos, fini, limité : c’est le Kosmosgrec. Le temps est perçu comme cyclique (jour/nuit et saisons/années). C’est le mythe de l’éternel retour : le temps est  « une image mobile de l’éternité immobile », il a une valeur négative (cf Héraclite et Platon). Dans la pensée hébraïque, le monde est certes fini, mais il est traversé par une histoire où se joue le salut de l’homme ; là, il y a prise de conscience historique de l’homme et le temps devient une dimension essentielle de sa réalisation. La pensée chrétienne est héritière de cette pensée (dogme de l’Incarnation). Dans ses « Confessions », SaintAugustin définit le temps. Des trois temps, le passé, le présent et le futur, seul le présent existe ; il y a trois présents : le présent du passé, le présent du présent et le présent du futur. Ces trois temps sont dans notre esprit et de fait, la temporalité est liée à l’être humain même. Il n’y a du temps que pour nous : « le temps est une extension de l’esprit ». L’être humain se déploie temporellement, l’homme est le temps. Le temps a ici, une valeur positive.

Depuis Copernic, l’homme ne cesse de vouloir la maîtrise et la métrise du temps (cf Michel Serres. Les sciences de la nature ont bien à faire au temps mais au temps scientifique, abstrait, homogène. D’une manière générale, les sciences se sont sauvées du temps en le spécialisant, en en donnant une représentation géométrique, mathématique. Parce qu’in fine, le temps fait peur ! Et c’est la raison essentielle qui fait que nous essayons depuis la nuit des temps, de le définir, de le maîtriser! Ce qui constitue notre conscience du temps, c’est la durée. Cette approche se confirme avec Ilya Prigogine, dans les années 80. Il fait un renouvellement complet de la phénoménologie du temps. Les sciences contemporaines intègrent la dimension de la temporalité ; elles s’ouvrent à l’imprévu, à l’événement. L’homme est bien un élément de la nature pris dans une histoire.

Le temps est pluriel. Il est une pluralité de temps avec chacun leur temps. Il est impossible de les unifier. Le temps est un millefeuille (cf FernandBraudel). Une chose est certaine : le temps, c’est le devenir individuellement et collectivement. Il est une espérance collective. L’homme s’ouvre sur l’avenir qu’il projette pour lui et pour les autres. Le temps est le vecteur de la réalisation de l’homme.

Sylvie Lacoste

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mardi 15 octobre 2013


Le big bang : le début du temps avec David Smith, directeur de recherche du CNRS


Le jeudi 17 octobre, à 20h30, au Centre culturel Hâ32, à Bordeaux centre-ville, une conférence sur le "Temps" avec David Smith du CNRS:

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